Pourquoi j'aime la musique électronique
Depuis tout petit la musique électronique a occupé une place particulière dans mon cœur. La musique acoustique, sans me laisser totalement de marbre, n'a pas pour moi la magie si particulière d'un son artificiel.
Avant que je ne découvre mes premières musiques synthétiques, j'aimais des morceaux qui se rapprochaient d'une certaine manière de ce qui deviendra mon genre de prédilection : les pistes instrumentales de Supertramp, ou bien encore les sons avant-gardistes de Pink Floyd, tel que Welcome To The Machine.
Ma découverte de l'électronique s'est faite totalement par hasard. Je devais avoir 9 ans. Féru de radio, je naviguais sur les ondes FM à la recherche de nouvelles stations. Tout d'un coup, je tombe sur un son totalement surnaturel, totalement dingue, qui me fait tomber à la renverse et me remplit d'excitation. Mais c'est quoi ce truc bordel ???
Je saurai plus tard qu'il s'agit de trance, un sous-genre musical assez populaire à la fin des années 90. Je n'avais encore jamais entendu un son pareil, il semblait sortir tout droit de l'espace. J'expérimentais pour la toute première fois de ma vie l'extase musical. La sensation d'être traversé par les ondes sonores, d'être totalement en phase avec les vibrations de la musique. Et ce n'était que les prémisses d'une longue montée vers le paradis.
Je demandais à ma mère quels instruments on utilisait pour faire une musique aussi folle. Elle m'a expliqué que tout cela sort d'un ordinateur. J'étais déjà complètement obsédé par les ordinateurs. Cela n'a fait que renforcer mon attrait pour ce support. L'ordinateur était capable de tout, même de faire des choses belles qui ne peuvent sortir d'un instrument classique, fait de bois et de cordes.
Ma première phase est donc un attrait immodéré pour la techno primaire, la trance physique et un peu bébête. Je n'achetais que des compilations, de type Puissance Techno. Je n'aimais pas un artiste en particulier, mais plutôt des morceaux. J'ai également découvert sur Contact FM, tard le dimanche soir, les sonorités brutes de la musique hardcore. J'aimais cette violence décomplexée.
Mine de rien, cet attrait aura duré pendant toutes mes années de collège. Je voulais des sons synthétiques, rythmiques, à la mélodie répétitive. Je n'aimais pas les voix, sauf quand elles faisaient office d'instrument, généralement sous la forme d'une phrase accrocheuse répétée en boucle.
Alors que la chanson nous habitue au très classique "Couplet - Refrain", chaque morceau électronique était différent en soi. Il avait à chaque fois une structure différente, et c'était enthousiasmant de la découvrir. A l'époque, je n'avais pas conscience que les musiques que j'écoutais avaient elles-mêmes leurs petits clichés récurrents.
Puis vint la deuxième phase. En rentrant en Seconde, je finissais par me lasser de ce que j'écoutais d'habitude. Je voulais approfondir ma connaissance de la musique électronique. Mais je ne savais absolument pas vers où me diriger ! Acheter un disque au hasard à la Fnac était dangereux, à l'époque je ne pouvais pas lâcher 20 euros dans un truc potentiellement décevant.
Alors j'ai réfléchi, et je me suis rappelé que j'avais entendu une interview de Laurent Garnier sur Fun Radio. Il faisait la promotion d'un nouvel album et on entendait des extraits. Il s'agissait de The Cloud Music Machine. Sur le moment, je n'avais pas spécialement tilté. Je trouvais que les sons étaient peu entraînants. Ce qui m'avait surtout rebuté, c'était l'aspect organique de certains morceaux. Mais j'avais envie d'approfondir, je sentais qu'il y avait du potentiel.
L'achat de cet album m'a fait comprendre la fameuse citation de Victor Hugo qui dit que la musique est du bruit qui pense. Si certains sons ne parlent pas directement au corps, ils enivrent l'esprit qui le retranscrit physiquement. Les deux sont liés, et leur cohésion fait des merveilles.
Je suis très vite devenu un fanboy de Laurent Garnier. Malgré mes faibles moyens, j'achetais tous ses albums, et même des vinyles et autres produits dérivés. Un achat aura été déterminant dans ma connaissance de la musique électronique : Electrochoc, la biographie de Garnier qui est un prétexte pour parler de l'histoire de ce genre musical, vécue de l'intérieur.
C'est également à cette époque que j'ai commencé à m'informer plus sérieusement et connaître tous les sous-genres de cette grande nébuleuse : la house music, inventée en 1985 à Chicago, la techno qui fait son apparition un an plus tard à Détroit, la french touch que les Daft Punk ont lancé en 1994 avec l'album Homework, l'electronica qui s'écoute plus qu'elle ne se danse, la Big Beat, l'ambient, la drum'n'bass, etc.
Grâce à F Com, le label de Laurent Garnier, j'ai pu m'ouvrir à de nombreuses manières d'envisager la musique faite par ordinateur. Je me suis mis à écouter des artistes qui étaient de véritables auteurs. Je me suis rendu compte qu'un son organique pouvait être très agréable à écouter sous forme de samples. Ce que j'aimais avant tout, c'était l'agencement de sons uniques et travaillés sur des pistes. Je voulais explorer toujours ce qui n'a jamais été fait auparavant.
Un beau jour, aux alentours de mes 16-17 ans, un ami d'internet m'a conseillé d'essayer Aphex Twin. Cela aura été un nouveau Big Bang musical pour moi, aussi grand que le premier vécu à mes 9 ans. Ça sera aussi le début de ma troisième et dernière phase, qui s'applique encore aujourd'hui.
Je tape son nom sur Dailymotion et j'essaie le premier clip : Rubber Johnny. Dès les premières secondes j'ai accroché à l'ambiance malsaine et mystérieuse. Puis, quand la musique démarre, je suis cloué de stupéfaction. J'ai été complètement scotché par le génie de Chris Cunningham, le réalisateur du clip. A cette époque où je m'intéressais pas mal au montage vidéo, je suis tombé exactement sur ce que je voulais faire : des images parfaitement adaptées à la musique, aussi bien dans le choix des prises de vue, du mouvement que de l'ambiance.
Et cette musique, mes amis, cette musique ! Je n'avais jamais entendu quelque chose d'aussi abouti, d'aussi perfectionné, d'aussi génial. C'est comme si ce mec avait sondé mon inconscient pour trouver LA musique ultime qui me plairait. Du jour au lendemain j'ai oublié Laurent Garnier et je me suis mis en tête d'écouter TOUS les morceaux d'Aphex Twin. Vaste quête au vue de l'impressionnante discographie du bonhomme ! Sa musique a beau être d'une variété étourdissante (il excelle autant dans la hardcore que la jungle ou l'ambient), on reconnaît toujours sa patte.
Radio Blog (souvenez-vous de cette époque où Deezer n'existait pas !) a apporté beaucoup à ma culture de la musique électronique. Je parcourais à droite à gauche des playlists très hétéroclites, qui passaient du coq à l'âne. Je cherchais des choses sur Aphex, et je tombais sur d'autres artistes des labels Warp, Ninja Tune ou Rephlex. La nostalgie douce-amer de Boards of Canada, la classieuse froideur mathématique d'Autechre, le bouillonnement syncrétique d'Amon Tobin, l'électro-jazz exigeante de Squarepusher... Mais aussi les artistes du tout début, comme Kraftwerk, qui a tant inspiré les inventeurs de la techno !
J'aurai l'occasion de revenir plus en détail sur chacun des artistes cités. Pour l'heure, faisons un résumé du pourquoi et du comment de mon attrait pour la musique électronique. J'aime le son qui sort d'un circuit imprimé car il est beaucoup plus libre et vaste que celui d'un instrument classique. Ne vous y trompez pas, un violon et un piano peut faire des sons magnifiques et très élaborés ! Mais ils restent plus limités dans la texture. Le plus gros problème de l'acoustique, c'est qu'on ne peut y produire qu'un son conditionné par des matériaux qui existent dans la nature. Cela réduit grandement le champs des possibles.
La musique électronique permet de franchir toutes ces barrières. Avec les progrès technologiques actuels, on est capable de reproduire fidèlement quasiment tous les instruments existants, et d'inventer tous ceux que la nature ne peut nous offrir. Bientôt, la seule limite sera la capacité des particules d'air à vibrer sous certaines fréquences. Cette diversité inouïe dans les textures sonores ajoute une difficulté dans la composition : on ne peut se contenter de trouver une mélodie accrocheuse... Il faut aussi trouver l'instrument et les réglages capables de la mettre en valeur ! Les mélodies d'un morceau ambient, sans rythme, ne sont évidemment pas les mêmes que pour un son clubbing.
J'aime aussi quand il n'y a pas de voix, ou que celle-ci est un objet comme un autre. Je n'aime pas la trop grande humanité qui se dégage d'une chanson. Je ne veux pas être en lien étroit avec un être humain. Je préfère voir comment l'homme exploite la machine pour lui donner de l'humanité. Toute la différence tient là dedans : la médiation. Si l'artiste est doué, il peut faire ce qu'il veut des instruments à sa disposition. J'aime aussi quand il n'y a pas d'humanité du tout, quand j'entends par exemple une machine débiter une formule mathématique. On reviendra plus en détail sur ce point dans mon article sur Autechre.
Paradoxalement, c'est avec la musique électronique que j'ai vraiment l'impression d'être le plus proche de l'esprit d'un artiste. En effet, contrairement à un groupe, le musicien fait tout lui-même : les mélodies, les basses, le rythme, le mixage... Et en plus de cela, s'il est bon, il ne peut se poser sur une structure conventionnelle. Un bon compositeur électronique invente des choses, forge des univers de A à Z. C'est à lui de trouver la meilleure manière de mettre en valeur ses compositions, sur chacune des pistes. Ainsi, l'agencement sonore est le fruit de la réflexion d'une personnalité.
Enfin, ce que j'aime peut-être plus que tout dans la musique électronique, c'est son indicible abstraction. Certains morceaux sont géniaux sans que l'on sache pourquoi. On se contente de les écouter avec ses amis et de les trouver bien. Ils réveillent en nous des frontières inexplorées, ils rentrent dans l'inconscient et se font une place dans le royaume des symboles. On ne peut pas discuter du message dans les textes, puisqu'il n'y en a pas. On se contente de profiter de ce qui sort des circuits imprimés. On laisse le créateur nous prendre par la main, et nous entraîner dans cet univers synthétique et merveilleux.
Avant que je ne découvre mes premières musiques synthétiques, j'aimais des morceaux qui se rapprochaient d'une certaine manière de ce qui deviendra mon genre de prédilection : les pistes instrumentales de Supertramp, ou bien encore les sons avant-gardistes de Pink Floyd, tel que Welcome To The Machine.
Un coup de foudre
Ma découverte de l'électronique s'est faite totalement par hasard. Je devais avoir 9 ans. Féru de radio, je naviguais sur les ondes FM à la recherche de nouvelles stations. Tout d'un coup, je tombe sur un son totalement surnaturel, totalement dingue, qui me fait tomber à la renverse et me remplit d'excitation. Mais c'est quoi ce truc bordel ???
Je saurai plus tard qu'il s'agit de trance, un sous-genre musical assez populaire à la fin des années 90. Je n'avais encore jamais entendu un son pareil, il semblait sortir tout droit de l'espace. J'expérimentais pour la toute première fois de ma vie l'extase musical. La sensation d'être traversé par les ondes sonores, d'être totalement en phase avec les vibrations de la musique. Et ce n'était que les prémisses d'une longue montée vers le paradis.
Je demandais à ma mère quels instruments on utilisait pour faire une musique aussi folle. Elle m'a expliqué que tout cela sort d'un ordinateur. J'étais déjà complètement obsédé par les ordinateurs. Cela n'a fait que renforcer mon attrait pour ce support. L'ordinateur était capable de tout, même de faire des choses belles qui ne peuvent sortir d'un instrument classique, fait de bois et de cordes.
Ma première phase est donc un attrait immodéré pour la techno primaire, la trance physique et un peu bébête. Je n'achetais que des compilations, de type Puissance Techno. Je n'aimais pas un artiste en particulier, mais plutôt des morceaux. J'ai également découvert sur Contact FM, tard le dimanche soir, les sonorités brutes de la musique hardcore. J'aimais cette violence décomplexée.
Mine de rien, cet attrait aura duré pendant toutes mes années de collège. Je voulais des sons synthétiques, rythmiques, à la mélodie répétitive. Je n'aimais pas les voix, sauf quand elles faisaient office d'instrument, généralement sous la forme d'une phrase accrocheuse répétée en boucle.
Alors que la chanson nous habitue au très classique "Couplet - Refrain", chaque morceau électronique était différent en soi. Il avait à chaque fois une structure différente, et c'était enthousiasmant de la découvrir. A l'époque, je n'avais pas conscience que les musiques que j'écoutais avaient elles-mêmes leurs petits clichés récurrents.
Aller toujours plus loin
Puis vint la deuxième phase. En rentrant en Seconde, je finissais par me lasser de ce que j'écoutais d'habitude. Je voulais approfondir ma connaissance de la musique électronique. Mais je ne savais absolument pas vers où me diriger ! Acheter un disque au hasard à la Fnac était dangereux, à l'époque je ne pouvais pas lâcher 20 euros dans un truc potentiellement décevant.
Alors j'ai réfléchi, et je me suis rappelé que j'avais entendu une interview de Laurent Garnier sur Fun Radio. Il faisait la promotion d'un nouvel album et on entendait des extraits. Il s'agissait de The Cloud Music Machine. Sur le moment, je n'avais pas spécialement tilté. Je trouvais que les sons étaient peu entraînants. Ce qui m'avait surtout rebuté, c'était l'aspect organique de certains morceaux. Mais j'avais envie d'approfondir, je sentais qu'il y avait du potentiel.
L'achat de cet album m'a fait comprendre la fameuse citation de Victor Hugo qui dit que la musique est du bruit qui pense. Si certains sons ne parlent pas directement au corps, ils enivrent l'esprit qui le retranscrit physiquement. Les deux sont liés, et leur cohésion fait des merveilles.
Je suis très vite devenu un fanboy de Laurent Garnier. Malgré mes faibles moyens, j'achetais tous ses albums, et même des vinyles et autres produits dérivés. Un achat aura été déterminant dans ma connaissance de la musique électronique : Electrochoc, la biographie de Garnier qui est un prétexte pour parler de l'histoire de ce genre musical, vécue de l'intérieur.
C'est également à cette époque que j'ai commencé à m'informer plus sérieusement et connaître tous les sous-genres de cette grande nébuleuse : la house music, inventée en 1985 à Chicago, la techno qui fait son apparition un an plus tard à Détroit, la french touch que les Daft Punk ont lancé en 1994 avec l'album Homework, l'electronica qui s'écoute plus qu'elle ne se danse, la Big Beat, l'ambient, la drum'n'bass, etc.
Grâce à F Com, le label de Laurent Garnier, j'ai pu m'ouvrir à de nombreuses manières d'envisager la musique faite par ordinateur. Je me suis mis à écouter des artistes qui étaient de véritables auteurs. Je me suis rendu compte qu'un son organique pouvait être très agréable à écouter sous forme de samples. Ce que j'aimais avant tout, c'était l'agencement de sons uniques et travaillés sur des pistes. Je voulais explorer toujours ce qui n'a jamais été fait auparavant.
Le Big Bang musical Aphex Twin
Un beau jour, aux alentours de mes 16-17 ans, un ami d'internet m'a conseillé d'essayer Aphex Twin. Cela aura été un nouveau Big Bang musical pour moi, aussi grand que le premier vécu à mes 9 ans. Ça sera aussi le début de ma troisième et dernière phase, qui s'applique encore aujourd'hui.
Je tape son nom sur Dailymotion et j'essaie le premier clip : Rubber Johnny. Dès les premières secondes j'ai accroché à l'ambiance malsaine et mystérieuse. Puis, quand la musique démarre, je suis cloué de stupéfaction. J'ai été complètement scotché par le génie de Chris Cunningham, le réalisateur du clip. A cette époque où je m'intéressais pas mal au montage vidéo, je suis tombé exactement sur ce que je voulais faire : des images parfaitement adaptées à la musique, aussi bien dans le choix des prises de vue, du mouvement que de l'ambiance.
Et cette musique, mes amis, cette musique ! Je n'avais jamais entendu quelque chose d'aussi abouti, d'aussi perfectionné, d'aussi génial. C'est comme si ce mec avait sondé mon inconscient pour trouver LA musique ultime qui me plairait. Du jour au lendemain j'ai oublié Laurent Garnier et je me suis mis en tête d'écouter TOUS les morceaux d'Aphex Twin. Vaste quête au vue de l'impressionnante discographie du bonhomme ! Sa musique a beau être d'une variété étourdissante (il excelle autant dans la hardcore que la jungle ou l'ambient), on reconnaît toujours sa patte.
Radio Blog (souvenez-vous de cette époque où Deezer n'existait pas !) a apporté beaucoup à ma culture de la musique électronique. Je parcourais à droite à gauche des playlists très hétéroclites, qui passaient du coq à l'âne. Je cherchais des choses sur Aphex, et je tombais sur d'autres artistes des labels Warp, Ninja Tune ou Rephlex. La nostalgie douce-amer de Boards of Canada, la classieuse froideur mathématique d'Autechre, le bouillonnement syncrétique d'Amon Tobin, l'électro-jazz exigeante de Squarepusher... Mais aussi les artistes du tout début, comme Kraftwerk, qui a tant inspiré les inventeurs de la techno !
Les raisons d'une passion dévorante
J'aurai l'occasion de revenir plus en détail sur chacun des artistes cités. Pour l'heure, faisons un résumé du pourquoi et du comment de mon attrait pour la musique électronique. J'aime le son qui sort d'un circuit imprimé car il est beaucoup plus libre et vaste que celui d'un instrument classique. Ne vous y trompez pas, un violon et un piano peut faire des sons magnifiques et très élaborés ! Mais ils restent plus limités dans la texture. Le plus gros problème de l'acoustique, c'est qu'on ne peut y produire qu'un son conditionné par des matériaux qui existent dans la nature. Cela réduit grandement le champs des possibles.
La musique électronique permet de franchir toutes ces barrières. Avec les progrès technologiques actuels, on est capable de reproduire fidèlement quasiment tous les instruments existants, et d'inventer tous ceux que la nature ne peut nous offrir. Bientôt, la seule limite sera la capacité des particules d'air à vibrer sous certaines fréquences. Cette diversité inouïe dans les textures sonores ajoute une difficulté dans la composition : on ne peut se contenter de trouver une mélodie accrocheuse... Il faut aussi trouver l'instrument et les réglages capables de la mettre en valeur ! Les mélodies d'un morceau ambient, sans rythme, ne sont évidemment pas les mêmes que pour un son clubbing.
J'aime aussi quand il n'y a pas de voix, ou que celle-ci est un objet comme un autre. Je n'aime pas la trop grande humanité qui se dégage d'une chanson. Je ne veux pas être en lien étroit avec un être humain. Je préfère voir comment l'homme exploite la machine pour lui donner de l'humanité. Toute la différence tient là dedans : la médiation. Si l'artiste est doué, il peut faire ce qu'il veut des instruments à sa disposition. J'aime aussi quand il n'y a pas d'humanité du tout, quand j'entends par exemple une machine débiter une formule mathématique. On reviendra plus en détail sur ce point dans mon article sur Autechre.
Paradoxalement, c'est avec la musique électronique que j'ai vraiment l'impression d'être le plus proche de l'esprit d'un artiste. En effet, contrairement à un groupe, le musicien fait tout lui-même : les mélodies, les basses, le rythme, le mixage... Et en plus de cela, s'il est bon, il ne peut se poser sur une structure conventionnelle. Un bon compositeur électronique invente des choses, forge des univers de A à Z. C'est à lui de trouver la meilleure manière de mettre en valeur ses compositions, sur chacune des pistes. Ainsi, l'agencement sonore est le fruit de la réflexion d'une personnalité.
Enfin, ce que j'aime peut-être plus que tout dans la musique électronique, c'est son indicible abstraction. Certains morceaux sont géniaux sans que l'on sache pourquoi. On se contente de les écouter avec ses amis et de les trouver bien. Ils réveillent en nous des frontières inexplorées, ils rentrent dans l'inconscient et se font une place dans le royaume des symboles. On ne peut pas discuter du message dans les textes, puisqu'il n'y en a pas. On se contente de profiter de ce qui sort des circuits imprimés. On laisse le créateur nous prendre par la main, et nous entraîner dans cet univers synthétique et merveilleux.
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